Le pénis se compose de 3 compartiments: les 2 corps caverneux, utiles pour obtenir une érection, et le corps spongieux, placé en dessous, qui recouvre le canal urinaire appelé urètre, et qui se termine par le gland. La courbure du pénis en érection est liée à l’existence d’une asymétrie congénitale des corps caverneux ou à l’apparition au cours de la vie d’une plaque de fibrose localisée au niveau de l’un ou des 2 corps caverneux.
La maladie de Lapeyronie touche les hommes autour de la cinquantaine et serait favorisée par des micro traumatismes entrainant un excès de cicatrisation par multiplication anormale de fibroblastes, dans la paroi du corps caverneux.
Elle touche environ 2% de la population masculine.
L’évolution se fait en 2 temps : une phase aiguë inflammatoire et une phase chronique fibreuse. Le développement d’une plaque de fibrose du corps caverneux aboutit à une coudure de la verge en érection. Cette coudure est douloureuse en érection et évolue au bout de 6 mois à 1 an la phase chronique, où la coudure reste fixée mais non douloureuse de façon souvent définitive.
Dans plus de la moitié des cas, la plaque fibreuse se développe sur la partie antérieure de la verge, aboutissant à une coudure vers l’avant. En cas de coudure de 90 degré, on parle de verge en porte manteau.
Au cours de la phase aiguë, l’évolution peut se faire soit vers une normalisation de l’axe de la verge en érection, soit vers une stabilisation de l’axe, soit vers une aggravation de la courbure.
L‘examen clinique permet de palper la verge et de retrouver l‘induration liée à la fibrose des corps caverneux. La taille, l’épaisseur et la dureté sont notées. La recherche d’une maladie similaire au niveau de la paume des mains (maladie de Dupuytren) est réalisée.
Des photos de la verge en érection dans les 3 axes sont indispensables pour une bonne appréciation de l’importance de la coudure (jusqu’à 90 degrés).
L’échographie de la verge permet de mesurer exactement la taille et épaisseur de la plaque fibreuse et également de noter la présence de calcifications qui sont un élément péjoratif.
Elle se manifeste par une érection douloureuse sans facteur déclenchant traumatique reconnu. La douleur peut être responsable d’une certaine impuissance.
L’interrogatoire reprend les antécédents traumatiques et la date du début des symptômes, l’importance de la douleur, l‘angulation actuelle. Il s’attache à préciser le retentissement lors des rapports sexuels : difficulté à la pénétration, douleurs percoîtales du patient ou de sa partenaire. Il analyse le retentissement psychologique toujours important dans cette pathologie.
A la phase inflammatoire, le traitement est toujours médical et jamais chirurgical. Il repose sur un traitement oral par vitamine E qui renforce la fabrication des fibroblastes pour une meilleure cicatrisation. La pratique sexuelle et les érections sont plutôt recommandées pour tendre la verge et essayer d’agir sur sa « rééducation ».
Les injections de corticoïdes sont utiles dans les phases très douloureuses mais ne modifient pas la courbure définitive.
L’utilisation des ondes de choc locales (RENOVA) permet de « casser la plaque » et d’espérer une cicatrisation dans le bon axe. Les résultats préliminaires apportent des espoirs dans ce domaine.
L’objectif de cette intervention est de redresser la courbure du pénis en érection afin de faciliter les rapports sexuels. Elle ne s’adresse que lors que la phase inflammatoire est terminée et que les érections ne sont pas douloureuses.
En fonction du degré d’angulation et de la gène provoquée, plusieurs possibilités thérapeutiques sont proposées. Les interventions de correction peuvent agir soit sur la convexité (incision, plicature) soit sur la concavité (incision et greffe d’un implant). Les faibles coudures relèvent plutôt de la première indication .
Intervention sur la concavité (Yachia, Nesbit)
Il s’agit de réaliser une ou plusieurs plicatures éventuellement précédées d’incisions de l’albuginée afin de raccourcir la partie du corps caverneux située en face de la courbure et de redresser ainsi le pénis. La réduction de taille de la verge en érection est donc systématique mais relativement minime, lors de ces interventions.
Intervention sur la convexité
Il s’agit de réaliser une incision de la plaque de fibrose de l’albuginée afin de redresser la courbure du pénis et de combler la perte de substance par une greffe d’un implant venant recouvrir la zone ouverte.
Un bilan sanguin, une analyse d’urines sont réalisés avant l’intervention. Une infection urinaire non traitée pourrait conduire à repousser la date de votre opération.
Si vous prenez des anti-agrégants plaquettaires (Aspégic, Plavix, Pravadual), des anti-coagulants (Préviscan, Sintrom,Eliquis, ..), il faut bien sûr le signaler. La prise de ces médicaments sera nécessairement modifiée en concertation avec cardiologue et anesthésiste. D’autres produits anticoagulants vous seront éventuellement prescrits en relais de votre traitement habituel.
Le type d’anesthésie (rachianesthésie ou anesthésie générale) est choisi par le médecin anesthésiste en fonction de critères médicaux et peut tenir compte, dans la limite du possible, des souhaits du patient. Dans tous les cas, une anesthésie complémentaire par bloc analgésique pénien est réalisé pour assurer une antalgie complète en post opératoire immédiat.
Une érection artificielle est réalisée pour valider l’importance de la courbure et du choix thérapeutique qui est fait (concavité ou convexité).
L’incision cutanée permet d’aborder directement les corps caverneux, soit par une incision directe sur le corps de la verge, soit par une incision autour du gland et déshabillage complet de la verge. Une posthectomie (ablation du prépuce) peut parfois être proposée.
Une nouvelle érection artificielle est réalisée afin de choisir la localisation et le nombre d’incisions ou résection d’albubinée à réaliser ou la zone de coudure à inciser.
En cas de cure de la convexité, plusieurs incisions sont réalisées sur plusieurs niveaux au bistouri froid, l’hémostase est assurée, des fils non résorbables sont le plus souvent utilisés afin de réaliser la plicature de l’albuginée (Yachia). Dans le cas de l’intervention de Nesbit, on réalise non pas une incision mais une résection limitée de l’albuginée avec plicature.
En cas de cure de la concavité, l’albuginée est totalement libérée. La zone d’incision est repérée, puis largement incisée. La zone d’extension est alors mesurée pour être recouverte par un implant (patch SIS ou Tachosil). L’hémostase est soigneusement effectuée.
La sous peau et la peau sont fermées en utilisant des fils résorbables. Un drain peut également être mis en place. Une sonde vésicale peut être maintenue 24h après l’intervention. On réalise un pansement circonférentiel légérement compressif. L’hospitalisation dure 24 à 48 heures.
Des soins de cicatrice peuvent être réalisés par une infirmière à domicile ou par le patient lui- même quelques jours après l’intervention. Des antalgiques sont prescrits à la sortie. Il existe fréquemment un œdème et un hématome de la verge rapidement résolutif. Une pommade graissante peut être appliquée sur les cicatrices et la verge. Les premières érections notamment nocturnes, sont toujours douloureuses et justifient la poursuite du traitement antalgique.
Toute intervention chirurgicale nécessite une anesthésie, qu’elle soit loco-régionale ou générale, qui comporte des risques. Ils vous seront expliqués lors de la consultation pré- opératoire par le médecin anesthésiste.
D’autres complications directement en relation avec l’intervention sont rares, mais possibles.
Complications locales (hématome, infection pouvant aller jusqu’à une reprise chirurgicale et une prise en charge médicale spécifique). Phimosis et paraphimosis nécessitant éventuellement une reprise chirurgicale.
Diminution de la largeur de la verge à l’état flaccide ou érectile. Perception de nodules sous la peau du pénis liés à la présence de fils non résorbables. Douleurs lors de l’activité sexuelle. Troubles de la sensibilité de la verge ou du gland, souvent transitoires ou rarement définitifs.
Reprise évolutive de la maladie de Lapeyronie nécessitant éventuellement une reprise chirurgicale.
Troubles sexuels secondaires (troubles de l’érection et/ou troubles de l’éjaculation et/ou de l’orgasme) pouvant nécessiter une prise en charge spécifique.
Suivi opératoire
Une consultation postopératoire est programmée 1 mois après l’intervention afin de vérifier la qualité de la cicatrisation et le résultat. Des photos du pénis en érection peuvent vous être demandées afin de faciliter l’évaluation du résultat morphologique.
L’apparition d’anomalie inattendue nécessite de reprendre contact avec le chirurgien qui pourra prendre les décisions adaptées à votre cas personnel.